Beethoven
Beethoven, le grand retour

Je suis le Ludwig van Beethoven de l’écriture.


Assis à mon bureau, face à la véranda ouverte, je laisse mes doigts courir sur les touches de mon ordinateur. Le cliquetis rythmé est la seule mélodie qui accompagne mes pensées. Le silence, mon compagnon de route depuis tant d’années, est devenu mon refuge, mon inspiration.

J’ai toujours trouvé du réconfort dans le monde des mots. La musique, ce langage universel qui échappe à ma perception, s’est transformée en une symphonie de lettres, une partition de phrases et de paragraphes.
Certains murmurent que la surdité est un handicap, un obstacle infranchissable sur le chemin de la création artistique. Ils évoquent le mythe de la compensation, comme si la perte d’un sens devait nécessairement en aiguiser un autre. Mais je ne crois pas à cette vision simpliste.
Ma surdité est une part intégrante de qui je suis. Elle a façonné ma sensibilité, aiguisé mon sens de l’observation et nourri mon imagination. Le silence m’a permis de plonger au plus profond de moi-même, d’explorer les méandres de mon âme et de transcrire sur papier les émotions qui m’habitent.
Dans le silence, je peux entendre les murmures du vent, le chant des oiseaux, le rire des enfants. Je peux percevoir les nuances les plus subtiles des expressions, les vibrations infimes qui trahissent les sentiments cachés.
J’ appris à écouter le monde avec une attention particulière, à saisir l’essence des choses au-delà des mots. Elle m’a donné accès à une dimension de la réalité invisible aux yeux et inaudible aux oreilles de la plupart des gens.
Alors, la surdité aide-t-elle à la créativité ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est qu’elle ne m’a jamais empêché de créer. Elle a simplement transformé mon processus créatif, l’orientant vers des chemins inexplorés, vers des sources d’inspiration insoupçonnées.
Je suis sourd, oui. Mais je suis aussi écrivain. Un écrivain qui puise son inspiration dans le silence, dans l’observation attentive du monde et dans les émotions qui bouillonnent en lui. Un écrivain qui, à sa manière, compose sa propre symphonie, une symphonie de mots qui résonne dans le cœur de ses lecteurs.
Comme Ludwig van Beethoven a défié les conventions de la musique en composant ses chefs-d’œuvre malgré sa surdité, je défie les conventions de la littérature en écrivant avec mon propre langage, un langage fait de silence et de mots.

Je suis l’écrivain sourd, le Ludwig van Beethoven de l’écriture. Et ma surdité est ma muse, ma source d’inspiration inépuisable.

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